samedi 29 août 2009

La gauche Marielle

Par Éric Zemmour
Publié le 28/08/2009 dans Le Figaro


A Marseille, la semaine dernière, elle avait joué « Portrait de groupe avec dame ». L'ancienne giscardienne avait posé pour une photo de famille de la gauche plurielle. Mais Marielle de Sarnez arborait la naturelle décontraction bourgeoise qui sied rive gauche ; et le discours anti-Sarkozy qui ravit ce public de communistes, socialistes et Verts mêlés. Il ne faut pas s'en étonner.

C'est elle qui depuis vingt ans a converti François Bayrou, jeune député provincial imprégné d'un catholicisme social mais conservateur, aux rudiments du prêt-à-penser libertaire de Mai 68. Parfois, le Bayrou d'avant reprend le dessus, comme face à Cohn-Bendit lors des européennes, et fait fuir les électeurs bobos scandalisés par ce soudain accès de moralisme. Et Marielle-Sisyphe de tout recommencer.
L'objectif stratégique de Bayrou est pourtant écrit à la fin de son « Mai 68 pour les nuls ». Bayrou aime tellement le PS qu'il préfère qu'il y en ait deux. Depuis le référendum européen de 2005, les sociaux-libéraux qui, au nom de l'Europe, acceptent les contraintes de la mondialisation ne se sont pas vraiment rabibochés avec ceux qui s'accrochent au modèle étatiste et égalitaire français, enrubanné dans le lyrisme révolutionnaire d'antan.

Pourtant, c'est justement au nom de la défense d'un modèle français menacé par la mondialisation que Bayrou propose l'édification de son front anti-Sarkozy ! Allez comprendre. Mais, tactiquement, la question de l'alliance avec le MoDem peut faire exploser le parti de Martine Aubry. Ainsi Romano Prodi a-t-il naguère vaincu Berlusconi en mariant une gauche morcelée aux centristes. Jadis prédateur, le PS est devenu proie.

Mais Bayrou est désormais concurrencé par Cohn-Bendit et les Verts, qui songent eux aussi à débrancher le moribond socialiste pour le remplacer. Bayrou continuera donc à méditer cette sentence de Bismarck qu'il aime tant : «Dans un système à trois, il faut être l'une des deux puissances.»

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mardi 25 août 2009

Zemmour dans Le Figaro : Hénin-Beaumont, ultimes questions

Par Éric Zemmour
Publié le 10/07/2009


Saura-t-on jamais pourquoi les habitants de Hénin-Beaumont n'ont finalement pas voulu mettre la liste du Front national à la tête de leur mairie ?
Ont-ils cru que les loups entraient dans leur ville ? Que Marine Le Pen était antisémite et nostalgique de la Waffen-SS bien qu'elle ait construit sa carrière politique sur le refus systématique des « dérapages » reprochés à son père ? Ont-ils entendu le chant élyséen qui les exhortait à sauver la démocratie en danger ?

Ont-ils compris que Valérie Pécresse les incitait à ne pas voter pour le FN après leur avoir dit de ne pas choisir, et que les appels de Xavier Bertrand en faveur du « front républicain » rendaient furieux les (rares) électeurs UMP du cru ?
Ont-ils voulu éviter que le Ch'ti de New York Dany Boon ne décide Obama à envoyer les « boys » pour les libérer ? Ont-ils deviné que Martine Aubry nettoierait au plus vite les écuries d'Augias du socialisme nordiste ?
Ont-ils voulu favoriser la candidature de Bruno Gollnisch à la succession de Jean-Marie Le Pen ? Mettre un coup d'arrêt à la vague « populiste et nationaliste » montée partout lors des européennes ? Permettre à Nicolas Sarkozy de continuer à s'enorgueillir d'avoir « tué Le Pen » ?
Ont-ils craint que les subventions régionales et départementales leur soient supprimées ? Que leurs services sociaux ferment les uns après les autres ? Ont-ils voulu se débarrasser des bataillons de journalistes, caméras au poing comme des armes, qui détruisaient la tranquillité de leur existence ?

Et derrière eux, la centaine de militants d'extrême gauche antiraciste montés de Paris pour casser du « fasciste » ? Ont-ils eu peur d'être ostracisés éternellement alors qu'ils subissaient déjà la face obscure de la « mondialisation heureuse » : désindustrialisation massive, chômage de masse, immigration débridée, violence croissante ? Salauds de pauvres.


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