Par Éric Zemmour
Publié le 07/11/2008 dans Le Figaro.
La « divine surprise » n'est pas pour le seul Besancenot. Le Pen père et fille rêvent aussi de se refaire ; Villiers retrouve des sondages proches des deux chiffres ; Dupont-Aignan se dit que c'est le moment idéal pour se lancer.
Car c'est une crise de la « mondialisation », pas seulement du « capitalisme ». Avant, quand ils disaient frontières, souveraineté, protectionnisme, on leur envoyait les années 30 à la figure. Le fascisme, la guerre.
Encore aujourd'hui. Pourtant, la question du libre-échange est revenue sur la table. Sous la table. Toutes les tables. De Washington à Berlin, de la rue de Solferino à l'Elysée. Pas besoin d'être prix Nobel d'économie pour comprendre que la crise des subprimes vient de la stagnation des salaires de la classe moyenne américaine (et européenne), sous la pression déflationniste des 2 milliards d'Indiens et de Chinois entrés brutalement dans un marché de l'emploi soudain mondialisé.
Doit-on mettre en place un protectionnisme autour de grandes zones géographiques au développement comparable ? Obama - chéri des Européens - est aussi le plus protectionniste. Le socialiste Hamon est le seul à le réclamer tandis que Martine Aubry - et Bertrand Delanoë - sautent comme des cabris en criant « social-démocratie », sans remettre en cause un libre-échange mondialisé qui tue tout compromis entre patrons et salariés. Entre la France et l'Allemagne, rien ne va plus : Sarkozy rêve sans le dire du retour de la « préférence communautaire » ; Merkel refuse, persuadée sans l'avouer que la puissance industrielle allemande peut résister à tout.
Lors des européennes, le protectionnisme sera sans doute au cœur de la campagne. A droite de l'échiquier, on dira qu'on l'avait dit avant les autres. Ce qui n'est pas en politique une assurance de succès.