Par Eric Zemmour
Publié le 23/06/2008 sur Le Figaro
L'équipe de France aurait sans doute pu être championne d'Europe, mais elle n'était pas une équipe et elle n'était pas de France. Pour parodier la célèbre formule du général de Gaulle, on pourrait ainsi résumer la déroute des Bleus dans l'Euro 2008. Pas une équipe, mais un agrégat de joueurs désunis ; pas vraiment de France : la plupart n'évoluaient pas dans un club hexagonal.
Le football français est né à la modernité à la fin des années 60, sur un mode colberto-gaulliste : une direction nationale qui centralise tout, formation et financement ; une redistribution de la manne télévisuelle jusque dans les petits clubs. Ce système centralisé et national fabriqua les générations Platini et Zidane.
Mais il prit de plein fouet la mondialisation libérale imposée par la Cour de justice européenne avec l'arrêt Bosman au milieu des années 90 : la suppression des limitations du nombre d'étrangers dans les clubs entraînant surenchère des salaires et concentration des meilleurs dans les clubs les plus riches.
Dans un premier temps, l'équipe de France en bénéficia, car nos joueurs, exilés en Italie surtout, acquirent férocité et rigueur défensive. Puis, les clubs français devinrent les sous-traitants des championnats anglais ou italiens.
Alors, ces joueurs, venus de toutes parts, cousus d'or mais épuisés par les compétitions de clubs, eurent de plus en plus de mal à retrouver ressources physiques et cohérence. Esprit collectif et amour du maillot tricolore. Mais la France, arrachée à son modèle national par l'Europe, refusa, à l'instar de l'Angleterre, de sacrifier son équipe nationale à ses clubs, désormais puissances financières, cotés en Bourse.
Et la France du foot, entre deux systèmes, deux histoires, finit par perdre sur tous les tableaux.
samedi 28 juin 2008
mardi 24 juin 2008
Juste rien.
Par Eric Zemmour
Publié le 18/06/2008 sur Le Figaro
C'est la fin. La fin d'un match. La fin des espoirs français ; la fin d'une équipe ; la fin d'une génération ; la fin d'un sélectionneur. La fin d'un cycle. Et même la fin d'un commentateur, Thierry Roland, qui suivait, mardi sur M6, le dernier match de l'équipe de France de sa carrière.
Mais cette sinistre litanie finale était déjà trop généreuse. Il n'y eut jamais vraiment d'espoir depuis cette sinistre rencontre initiale contre les Roumains. Il n'y eut pas vraiment de match non plus contre l'Italie, la France ne paraissant à aucun moment en mesure d'inquiéter son frère ennemi transalpin.
Pas d'équipe non plus, des joueurs qui ne parviennent pas à se marier, se souder, joueurs qui semblent ôter leur baladeur juste avant de rentrer sur le terrain, agrégat de joueurs désunis. Une équipe entre deux générations, sans Zidane mais encore avec Thuram. Qui n'a pas choisi, joueurs venus d'ailleurs ou ossature lyonnaise. Un Domenech qui fait entrer Nasri et le sort quinze minutes plus tard, et ne songe qu'à épouser son Estelle Denis. «Avec Estelle, c'est du sérieux», aurait-il pu dire.
C'est l'Italie qui était la seule sérieuse, mardi soir. Fin d'un cycle. C'est en imitant le jeu italien que la France avait gagné ses plus glorieux trophées : Coupe du monde en 1998, Euro en 2000. Chaque fois au détriment de l'Italie : «On ne détruit que ce qu'on remplace», disait Danton.
La roue a tourné. En 2006 comme en 2008, c'est l'Italie qui reprenait son jeu et son sceptre. Et renvoyait la France à un rien infini. Juste rien.
Publié le 18/06/2008 sur Le Figaro
C'est la fin. La fin d'un match. La fin des espoirs français ; la fin d'une équipe ; la fin d'une génération ; la fin d'un sélectionneur. La fin d'un cycle. Et même la fin d'un commentateur, Thierry Roland, qui suivait, mardi sur M6, le dernier match de l'équipe de France de sa carrière.
Mais cette sinistre litanie finale était déjà trop généreuse. Il n'y eut jamais vraiment d'espoir depuis cette sinistre rencontre initiale contre les Roumains. Il n'y eut pas vraiment de match non plus contre l'Italie, la France ne paraissant à aucun moment en mesure d'inquiéter son frère ennemi transalpin.
Pas d'équipe non plus, des joueurs qui ne parviennent pas à se marier, se souder, joueurs qui semblent ôter leur baladeur juste avant de rentrer sur le terrain, agrégat de joueurs désunis. Une équipe entre deux générations, sans Zidane mais encore avec Thuram. Qui n'a pas choisi, joueurs venus d'ailleurs ou ossature lyonnaise. Un Domenech qui fait entrer Nasri et le sort quinze minutes plus tard, et ne songe qu'à épouser son Estelle Denis. «Avec Estelle, c'est du sérieux», aurait-il pu dire.
C'est l'Italie qui était la seule sérieuse, mardi soir. Fin d'un cycle. C'est en imitant le jeu italien que la France avait gagné ses plus glorieux trophées : Coupe du monde en 1998, Euro en 2000. Chaque fois au détriment de l'Italie : «On ne détruit que ce qu'on remplace», disait Danton.
La roue a tourné. En 2006 comme en 2008, c'est l'Italie qui reprenait son jeu et son sceptre. Et renvoyait la France à un rien infini. Juste rien.
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mercredi 18 juin 2008
dimanche 15 juin 2008
"Zemmour est fou" : article de Basile de Koch publié dans Valeurs Actuelles
Par Basile de Koch, le 30-05-2008
Publié dans Valeurs Actuelles
Vous me connaissez : je tiens mes promesses, à défaut de celles des autres… J’avais dit que je reviendrais sur le “phénomène Zemmour”; eh bien, me voilà! On peut observer le phénomène, entre autres, tous les week-ends en multidiffusion sur i-Télé, dans l’émission Ça se dispute, et chez Ruquier le samedi soir sur France 2.Le succès d’Éric Zemmour tient, “en première analyse”, à un truc simple : il est le seul sur son créneau – ce qui en fait un boulevard! Non seulement le Zemmour pense, mais il dit ce qu’il pense ; peut-être pas tout ce qu’il pense, mais rien que ce qu’il pense. Ça suffit à en faire un animal de foire, dans un Paf envahi par les “parlologues” qui se contentent de raconter les faits et d’en imaginer les effets. Éric, lui, remonte systématiquement aux causes: il décrypte.
Sa grille de lecture, il n’en fait pas mystère, est radicalement droitière. Mais attention! Zemmour n’est jamais aussi mordant que quand il critique la droite au nom de ses propres principes (à elle et à lui). C’est même ce qui le sauve aux yeux de notre intelligentsia – toujours friande d’attaques contre la droite,même quand elle ne les comprend pas…
Il y a autre chose : l’inébranlable bonne humeur de notre ami. Caricaturé, hué, il ne se départit jamais de son bon sourire – sauf le cas échéant pour rigoler franchement. Il joue même à merveille de son physique genre souffre- douleur de cour de récré pour désamorcer les vérités explosives qu’il balance à la tête de tout le monde… et surtout de la droite.
Il fallait l’entendre,samedi dernier sur i-Télé: on aurait juré que son objectif était de se faire le plus d’ennemis possible chez ses supposés amis. Trois interventions, trois attaques en règle contre la “droite”française actuelle,du plus superficiel au plus profond (la gauche, elle, devant se contenter de quelques blagues condescendantes).
« L’un des problèmes majeurs du sarkozysme, explique Éric, c’est la tendance irrépressible du président à court-circuiter les institutions dès lors qu’elles l’empêchent de tout gérer tout seul. »
Et notre Dr Folzemmour de poursuivre froidement l’autopsie, sans souci apparent des conséquences : « Le drame de la droite, celle de Giscard comme celle de Chirac et même de Sarkozy, c’est qu’elle est fascinée par la gauche et méprise sa propre famille. »
L’explication de cet étrange masochisme ne tarde pas: c’est, tout simplement, « l’escroquerie » de cette droite qui « vénère le marché tout en refusant ses effets : consommation, mondialisation, immigration, dégradation des mœurs… »
Reste une question: pourquoi, depuis dix ans, Éric Zemmour va-t-il toujours plus loin dans le saccage décontracté des tabous de l’époque? Et plus grave encore, dans la dénonciation du désordre prévalant dans le “parti de l’ordre”? Inconscience,prise de conscience, ou les deux mon général ? Quoi qu’il en soit, moi, Zemmour, j’achète… tant qu’il est en vente libre!
Source de l'article : ici.
Publié dans Valeurs Actuelles
Vous me connaissez : je tiens mes promesses, à défaut de celles des autres… J’avais dit que je reviendrais sur le “phénomène Zemmour”; eh bien, me voilà! On peut observer le phénomène, entre autres, tous les week-ends en multidiffusion sur i-Télé, dans l’émission Ça se dispute, et chez Ruquier le samedi soir sur France 2.Le succès d’Éric Zemmour tient, “en première analyse”, à un truc simple : il est le seul sur son créneau – ce qui en fait un boulevard! Non seulement le Zemmour pense, mais il dit ce qu’il pense ; peut-être pas tout ce qu’il pense, mais rien que ce qu’il pense. Ça suffit à en faire un animal de foire, dans un Paf envahi par les “parlologues” qui se contentent de raconter les faits et d’en imaginer les effets. Éric, lui, remonte systématiquement aux causes: il décrypte.
Sa grille de lecture, il n’en fait pas mystère, est radicalement droitière. Mais attention! Zemmour n’est jamais aussi mordant que quand il critique la droite au nom de ses propres principes (à elle et à lui). C’est même ce qui le sauve aux yeux de notre intelligentsia – toujours friande d’attaques contre la droite,même quand elle ne les comprend pas…
Il y a autre chose : l’inébranlable bonne humeur de notre ami. Caricaturé, hué, il ne se départit jamais de son bon sourire – sauf le cas échéant pour rigoler franchement. Il joue même à merveille de son physique genre souffre- douleur de cour de récré pour désamorcer les vérités explosives qu’il balance à la tête de tout le monde… et surtout de la droite.
Il fallait l’entendre,samedi dernier sur i-Télé: on aurait juré que son objectif était de se faire le plus d’ennemis possible chez ses supposés amis. Trois interventions, trois attaques en règle contre la “droite”française actuelle,du plus superficiel au plus profond (la gauche, elle, devant se contenter de quelques blagues condescendantes).
« L’un des problèmes majeurs du sarkozysme, explique Éric, c’est la tendance irrépressible du président à court-circuiter les institutions dès lors qu’elles l’empêchent de tout gérer tout seul. »
Et notre Dr Folzemmour de poursuivre froidement l’autopsie, sans souci apparent des conséquences : « Le drame de la droite, celle de Giscard comme celle de Chirac et même de Sarkozy, c’est qu’elle est fascinée par la gauche et méprise sa propre famille. »
L’explication de cet étrange masochisme ne tarde pas: c’est, tout simplement, « l’escroquerie » de cette droite qui « vénère le marché tout en refusant ses effets : consommation, mondialisation, immigration, dégradation des mœurs… »
Reste une question: pourquoi, depuis dix ans, Éric Zemmour va-t-il toujours plus loin dans le saccage décontracté des tabous de l’époque? Et plus grave encore, dans la dénonciation du désordre prévalant dans le “parti de l’ordre”? Inconscience,prise de conscience, ou les deux mon général ? Quoi qu’il en soit, moi, Zemmour, j’achète… tant qu’il est en vente libre!
Source de l'article : ici.
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Zemmour dans "Ca se dispute" sur I-télé, le 13 Juin 2008
Emission du vendredi 13 Juin 2008.
Au sommaire :
- Fillon, la force tranquille ?
- Sarko marionnettiste du PAF ?
- Les Chirac sont-ils éternels ?
Merci à Romain C. pour la mise à disposition de la vidéo.
lundi 9 juin 2008
Histoires de Président
Par Eric Zemmour
Publié le 23/05/2008 dans le Figaro
.
Nicolas Sarkozy a peut-être une vocation rentrée de prof d'histoire. Pas de semaine sans qu'il n'intervienne dans ces matières à hauts risques. N'exigeait-il pas récemment qu'on inscrive l'esclavage dans les programmes de CM1 et CM2 - où il est déjà enseigné ?
Pendant la campagne présidentielle, on avait compris le projet de Sarkozy : renouer avec la vision héroïque d'une France glorieuse, dont gaullistes et communistes avaient maintenu l'héritage dans l'après-guerre, avant qu'elle ne succombe sous les traits acérés de la haine de soi et de la repentance, par l'alliance de la « bien-pensance » de gauche et du primitivisme chiraquien. Depuis son élection, là aussi, son message s'est brouillé. A Alger, il condamne la colonisation pendant qu'à Dakar, il tance les Africains qui ne sont pas « entrés dans l'histoire ».
Il exalte les « racines chrétiennes de la France », puis le chantre de la « négritude », Aimé Césaire - un des plus violents contempteurs de la colonisation mais aussi de l'assimilation à la française.
Un jour, Sarkozy suggère que les enfants de 10 ans prennent en charge la mémoire d'un enfant juif déporté, et, quelques semaines plus tard, il déclare que la France n'était pas à Vichy, revenant sur le discours du Vél'd'Hiv de Chirac. Les virevoltes historiques du Président donnent le tournis.
Le candidat a fait campagne contre les lois mémorielles ; le Président a confié mission à Christiane Taubira de vérifier le respect de « sa » loi qui fait de l'esclavage un crime contre l'humanité. Le candidat Sarkozy avait compris que la France avait besoin d'être fière de son passé national pour se projeter dans un avenir incertain ; le Président semble à son tour tenté par une gestion communautarisée des histoires.
Publié le 23/05/2008 dans le Figaro
.
Nicolas Sarkozy a peut-être une vocation rentrée de prof d'histoire. Pas de semaine sans qu'il n'intervienne dans ces matières à hauts risques. N'exigeait-il pas récemment qu'on inscrive l'esclavage dans les programmes de CM1 et CM2 - où il est déjà enseigné ?
Pendant la campagne présidentielle, on avait compris le projet de Sarkozy : renouer avec la vision héroïque d'une France glorieuse, dont gaullistes et communistes avaient maintenu l'héritage dans l'après-guerre, avant qu'elle ne succombe sous les traits acérés de la haine de soi et de la repentance, par l'alliance de la « bien-pensance » de gauche et du primitivisme chiraquien. Depuis son élection, là aussi, son message s'est brouillé. A Alger, il condamne la colonisation pendant qu'à Dakar, il tance les Africains qui ne sont pas « entrés dans l'histoire ».
Il exalte les « racines chrétiennes de la France », puis le chantre de la « négritude », Aimé Césaire - un des plus violents contempteurs de la colonisation mais aussi de l'assimilation à la française.
Un jour, Sarkozy suggère que les enfants de 10 ans prennent en charge la mémoire d'un enfant juif déporté, et, quelques semaines plus tard, il déclare que la France n'était pas à Vichy, revenant sur le discours du Vél'd'Hiv de Chirac. Les virevoltes historiques du Président donnent le tournis.
Le candidat a fait campagne contre les lois mémorielles ; le Président a confié mission à Christiane Taubira de vérifier le respect de « sa » loi qui fait de l'esclavage un crime contre l'humanité. Le candidat Sarkozy avait compris que la France avait besoin d'être fière de son passé national pour se projeter dans un avenir incertain ; le Président semble à son tour tenté par une gestion communautarisée des histoires.
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mardi 3 juin 2008
Zemmour dans "L'Hebdo" de France Ô, le 31 Mai 2008.
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Au sommaire :
- Mariage annulé : le tollé
- Constitution : en plusieurs langues
- Cannes : entre les murs, la palme
- Commission Copé : tout ça pour ça ?
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