Par Éric Zemmour
Publié le 05/06/2009 dans Le Figaro MagazineProfessionnels. Les socialistes ont achevé leur campagne sans passion ni enthousiasme, mais sans sortie de route. L'affichage ostentatoire de l'unité a fait rire - meeting commun Royal-Aubry -, n'a convaincu personne - soutien de toute sa génération à Benoît Hamon -, mais a réussi à étouffer les vrais débats : Manuel Valls qui ose approuver dans Le Figaro le projet de loi Estrosi sur les bandes. L'instinct de survie électorale existe encore au PS. Les européennes n'ont rien réglé pour la présidentielle, mais n'ont pas pourri les régionales. L'essentiel pour ce parti d'élus.
Alors que l'UMP manque de réserves, le PS en a trop ; la bonne campagne de Mélenchon redonne du poids à gauche ; le MoDem est derrière son leader maximo et Cohn-Bendit a fait du bouche-à-bouche aux Verts. Les grands feudataires locaux décideront au cas par cas et, Rue de Solferino, on s'étripera sur «l'union de la gauche» ou «la modernité». Un classique. Le jeu de bascule entre le centre droit et l'extrême gauche, qui occupe les socialistes depuis la IIIe République, n'est pas près de cesser.
Entre-temps, les socialistes français auront pu mesurer leur terrible isolement en Europe. Pour marquer leur retour à gauche, le PS avait fait de Barroso sa tête de Turc. L'idée n'était pas malhabile tactiquement tant le président de la Commission incarne la mondialisation libre-échangiste, la «concurrence pure et non faussée», et l'atlantisme sans complexe. Tout ce que les socialistes français ont entériné depuis près de vingt ans, votant l'essentiel des mesures au Parlement européen avec la droite.
L'hostilité à Barroso permettait de se défausser en douceur. Mais les socialistes espagnols et anglais, les Allemands aussi, refusèrent de lâcher le terne patron de Bruxelles. Les socialistes français se sont inclinés. Une fois de plus. Se sont retournés contre Sarkozy. Mais la dynamique de campagne fut alors brisée.
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