Par Éric Zemmour
Publié le 13/02/2009 | Le FigaroLa vie politique française offre souvent le spectacle de ces combats à fronts renversés. Quand Nicolas Sarkozy ramène la France dans les structures intégrées de l'Alliance atlantique, l'ancien militant du RPR qu'il fut semble jeter aux orties l'enseignement du général de Gaulle. Lorsqu'il conteste sa décision avec véhémence, François Bayrou paraît renier l'engagement d'un de ses maîtres : Jean Lecanuet.
Le gaulliste exalte la « défense européenne » et renforce la solidarité occidentale ; le centriste évoque, avec des trémolos dans la voix, l'indépendance de la France et son message original. On se pince. Non, on ne rêve pas, François Bayrou ne rate jamais une occasion de porter le flambeau du meilleur opposant.
Bayrou a compris mieux que d'autres que, dans la Ve République, et plus encore dans le système ultra-personnalisé et ultra-médiatisé de Sarkozy, on ne tape qu'à la tête. Ce charivari idéologique et historique n'a pas seulement des causes tactiques. Depuis la chute du mur de Berlin, l'Otan aurait dû disparaître, puisque son adversaire, l'Union soviétique, avait sombré.
Aussitôt libérées, les anciennes démocraties populaires se sont pourtant ruées dans l'Otan ; des satellites séculaires de Moscou, Géorgie ou Ukraine, en rêvent. Les nouveaux arrivants ont le zèle des convertis.
L'Amérique a renforcé son pouvoir, qu'elle exerce seule. Sarkozy et Bayrou prônent tous deux une défense européenne, mais les autres Européens jugent que l'armée américaine en fait déjà fonction. La France n'a jamais abandonné l'Alliance atlantique ; mais le général de Gaulle avait quitté les structures militaires intégrées parce qu'il refusait de suivre les Etats-Unis en dehors de l'Europe.
A l'époque, au Vietnam. L'Otan ne cesse depuis de sortir de sa zone d'origine. Une sorte d'ONU bis.
Une alliance occidentale, dans un monde où l'Occident n'est plus le maître absolu.
.