Par Éric Zemmour
Publié le 06/11/2009 dans Le Figaro Magazine.Le monde sportif est en émoi. Rama Yade, Xavier Bertrand, Frédéric Lefebvre aussi. Le député UMP Yves Bur a osé supprimer les exonérations fiscales liées au « droit à l'image » des sportifs. L'enjeu est énorme. Il s'agit de savoir si les joueurs de foot pourront acheter la dernière Ferrari et la ranger aux côtés de leurs Porsche et Lamborghini. Comme les banquiers, les footballeurs furent les grands vainqueurs de la « globalisation ».
A la fin des années 80, la Cour de justice européenne les « libérait » des contraintes de nationalités. Le fameux arrêt Bosman. Au nom de la liberté et de l'Europe. Les clubs anglais, italiens, espagnols purent alors acquérir TOUS les meilleurs joueurs du monde. Et gagner TOUTES les compétitions. Les Français firent de la figuration. Ils allèrent quérir en Afrique des jeunes pousses prometteuses - parfois des enfants - dont les plus douées, une fois formées, seraient achetées par les Anglais ou les Espagnols. Une traite d'un nouveau genre.
Même si les clubs français étaient totalement exonérés d'impôts, cela ne changerait rien. Les caisses de leurs rivaux anglais ou espagnols sont branchées sur la Bourse, et la mafia aussi ; leur endettement est abyssal et sans contrôle étatique ; et ils n'ont aucune exigence de solidarité avec le sport amateur. En France, tout avait été organisé au temps de De Gaulle sur un modèle centralisé par le Colbert du foot, Georges Boulogne. Ce système a donné l'équipe de France de Platini et de Zidane. Trois fois rien.
A la tête de l'UEFA, Michel Platini s'efforce de réinjecter des contraintes de nationalités dans le foot européen. En vain. Les Anglais bloquent. Le Parlement européen aussi. Le foot est la parabole du monde.
C'est le monde du rugby qui a été le plus révolté par l'amendement Bur. On comprend. Ayant découvert plus tard que les « manchots » du foot les délices et poisons du « sport spectacle », les joueurs de rugby n'ont pas encore tous leur Ferrari.
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